Sol vivant et fertile

Le paillage n’a que des avantages !

Quand on se veut être jardinier écoresponsable, on se doit de recycler tous les déchets du jardin. La première idée qui nous vient à l’esprit pour le faire est  de produire son propre compost ! C’est un bon début, l’or noir est en effet un matériau incontournable  facile à produire, qui nécessite peu d’attention et permet de valoriser une forte proportion de déchets (de taille, de tonte, de cuisine).

Mais le compost n’est pas la seule façon de transformer en or ses déchets de jardinage ! Pour aller plus loin, le paillage naturel en est une autre, au moins tout aussi facile et intéressante à mon sens à produire et à utiliser !

Un sol ne devrait jamais être laissé à nu !

Pour s’en convaincre, il suffit d’observer autour de nous ! Dans la nature,  un sol ne reste jamais nu bien longtemps. La terre s’y trouve presque toujours recouverte ! Les herbes sauvages ont ainsi une grande faculté de reproduction. Chaque mètre carré de sol non cultivé est un réservoir potentiel de plusieurs milliers de graines.

Évitez d’étendre une bâche imperméable. Essayez plutôt d’imiter ce que Dame Nature fait très bien. Et puis, disposer un paillage naturel ne présente de toute façon que des avantages !

Protection contre le froid

En limitant les trop grands écarts de températures, un bon paillis protège tout d’abord les racines du froid. Sous une épaisse couche de feuilles mortes ou de broyats de branches, la terre ne gèle pas, faites-en l’expérience. Les limites de rusticité des plantes installées sont donc repoussées. Au potager, cela permet aussi de récolter des légumes-racines ou d’arracher des poireaux même quand le sol est gelé.

differents paillages
Différents paillages peuvent être utilisés en complément les uns des autres comme aux pieds de ces oignons où une couche de feuilles mortes (charmilles) complète un broyat de branches ©Jardipartage

Protection contre le dessèchement

A l’opposé, en été, un paillage naturel limite l’évaporation de l’eau aux pieds des légumes, des arbustes ou des arbres fruitiers. Il protège le sol d’une chaleur excessive et d’un dessèchement brutal. Il économise donc la ressource la plus précieuse du jardin durant la belle saison, à savoir l’eau, et fait gagner un temps tout aussi précieux au jardinier qui arrosera moins !  Qui dit moins d’arrosages, dit aussi moins de désherbages ! Les adventices ont en effet beaucoup plus de difficulté à voir le jour sous un épais paillis car ils sont privés de lumière. Et quand bien même les plantes les plus intrépides réussissent à sortir, elles sont beaucoup plus faciles à déloger dans un sol rendu souple en permanence par le paillis !

Pour un sol vivant !

Les plantes et le jardinier ne sont pas les seuls à profiter des bienfaits d’un paillage. Pour compléter le triptyque, disons qu’un bon paillis offre aussi gîte, couvert et abri thermique à la microfaune du sol, pour une terre pleine de vie !  Cela peut sembler anecdotique aux yeux de certains. Pourtant, l’activité de cette microfaune est capitale !

Pour la fertilité du sol, d’une part, car l’humus produit par les vers de terre, les insectes, les bactéries et les champignons retient davantage l’eau et les éléments minéraux, profitant de facto aux plantes, qui se montrent plus saines et vigoureuses.

Pour le jardinier lui-même d’autre part, car la microfaune se met littéralement à son service, se chargeant pour lui de travailler, d’aérer et d’enrichir la terre. Dès lors, plus besoin de bêche ! Une simple griffe suffit à préparer le sol pour les plantations futures. La terre présente une structure grumeleuse, elle reste souple en toutes circonstances et ne forme plus, l’été, de croûtes dures en surface, en particulier la terre argileuse.

Enfin, un détail appréciable : les fruits et légumes récoltés au-dessus d’un paillis, comme les fraises ou les laitues, sont propres, exempts de terre.

Avantages paillage naturel
Les avantages du paillage sont nombreux ! © Jardipartage

Paillis en désordre

Quand le froid s’installe et que la nourriture se fait de plus en plus rare, les merles viennent farfouiller dans le paillis. A grands coups de becs dans un sens puis dans l’autre, ils ont vite fait de mettre le paillage en désordre pour laisser la terre à nue et accéder au Graal ! Car ils ont compris l’intérêt de la technique : les vers de terre et les insectes restent près de la surface et n’ont pas besoin de s’enfoncer pour se protéger du froid !

On pourrait leur en valoir à cause du travail qu’ils rajoutent ! N’oubliez pas cependant qu’ils contribuent aussi de cette façon à réduire les populations de limaces qui s’abritent !

Produire un paillage de qualité

Pour produire un bon paillis, il faut avant tout une tondeuse ou un broyeur de végétaux de qualité ! C’est un achat onéreux -disons-le- mais à envisager pour un usage sur le long terme. (Pensez également à tous les voyages à la déchetterie que vous allez économiser). La machine doit être capable de broyer très finement les résidus de taille, c’est pourquoi un broyeur à disque rotatif reste à mon sens l’outil le plus efficace (plus qu’un broyeur à couteaux, moins cher – mais les morceaux générés par ce type d’appareil sont plus grossiers).

Dès lors, tout matériau est bon pour produire un paillage naturel:

  • les déchets de taille des fruitiers l’hiver (pêcher, pommier, poirier, prunier…),
  • les sarments de vignes,
  • les cannes de framboisiers, de mûriers, de cassissiers,
  • les résidus de tailles des graminées en fin d’hiver (Miscanthus, …),
  • les branches sèches des vivaces arbustives (sauges, gauras…),
  • les rameaux en vert des tailles de votre haie fleurie ( Photinias, Laurier-tin, Laurier du Portugal…),
  • les résidus de résineux – avec parcimonie quand même – (sapins, thuyas),
  • les feuilles tendres et sèches à l’automne (noisetier,…).

Laissez sécher quelques temps ces paillis dans un grand sac entreposé au sec ou montez un tas dans un coin de votre jardin pour venir y piocher au fur et à mesure des besoins.

Paillage avec du carton: une bonne idée ?

Oui, surtout si vous n’avez pas assez de matière organique dans votre jardin. A la place, vous pouvez étaler plusieurs épaisseurs de carton ondulé marron.

Dessous, l’herbe est rapidement étouffée. On l’utilise donc aussi pour désherber naturellement une parcelle.

Facile à découper aux ciseaux, c’est une source de carbone intéressante après décomposition. Quelques précautions à prendre avant de le poser:

  • retirez les rubans adhésifs,
  • enlevez les agrafes,
  • Griffez rapidement la terre et arrosez.
  • Faites quelques trous avec les dents de la fourche-bêche pour que l’eau s’écoule facilement au travers.
  • Lestez-le avec quelques grosses pierres; sinon, il s’envole.

S’il n’est pas renouvelé, ce paillage ne tient tout au plus que quelques mois.

A lire sur le même thème:

Comment rendre une terre argileuse plus souple ?
➥  De mauvaise herbe à herbe indésirable: un changement d’opinion

4 commentaires

  1. A défaut de broyeur, qui représente un investissement important, surtout quand on arrive « en fin de parcours », on peut passer sous la tondeuse les feuilles, tiges de plantes sèches, etc…à l’automne ou au printemps , etc..qui fournissent un excellent paillage.
    Je recycle de cette manière les débris végétaux de volume important qui m’ont permis d’abriter les dahlias l’hiver (en particulier les cannes des dahlias et de topinambours ), et qui me fournissent ensuite un excellent paillage.

    Evidemment, pas question de passer les branches de taille des arbres (qui iront dans la cheminée des amis).

    1. Vous avez raison 🙂 C’est pour cela notamment que je ne ramasse presque jamais les feuilles tombées au sol avec mon balai à gazon. Je préfère passer la tondeuse dessus: on obtient ainsi un mélange (idéal) d’herbe coupée (riche en azote) et de feuilles déchiquetées (riches en carbone) à utiliser en paillis ou à composter !

    1. Bonjour Chantal,

      Merci pour cette avis d’experte qui fait chaud au cœur ! Ravi de te retrouver directement sur Jardipartage ! Je profite de ta petite visite ici pour tendre une perche ! Si par hasard cela te tentait d’apporter de temps en temps ton expertise sur les rosiers, leur histoire, ou sur un tout autre secteur du jardin (je sais que tes compétences ne se bornent pas aux seuls rosiers), ce serait avec plaisir que je t’accueillerais ! Tu pourrais aussi ainsi profiter de la douce lumière de Jardipartage 😉
      Dommage, soit-dit en passant, que je réside à l’autre bout de la France. Je serais bien venu assister à ta conférence sur les roses ! Elle devait être passionnante :). A bientôt…ici ou sur FB !

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