De nombreux jardiniers se plaignent de ne plus voir d’oiseaux ou de papillons fréquenter leur jardin. Ce sont souvent les mêmes qui tondent leur pelouse deux fois par semaine pour avoir un gazon impeccable au lieu de le laisser monter à graines, les mêmes qui préfèrent l’ordre d’une haie de Thuyas à la liberté de pousser d’une haie fleurie, les mêmes qui plantent des arbustes exotiques plutôt que des espèces locales… Précisément tout le contraire de ce qu’il faut faire quand on veut aménager un jardin vivant !
Installez des plantes locales
Regardez autour de chez vous, dans les jardins, les champs tout proches. Repérez les plantes, les arbres et les arbustes qui y poussent bien. S’ils s’épanouissent bien derrière la clôture mitoyenne, il n’y a aucune raison pour qu’ils ne le fassent pas de la même manière chez vous. Les essences locales sont toujours plus rustiques, plus adaptées. Elles demandent donc moins d’attention que des plantes venues des quatre coins du monde.
Ces plantes locales sont les maillons indispensables d’un jardin vivant. Elles fournissent nourriture et milieu de vie à un grand nombre d’espèces animales, pas toutes visibles à l’œil nu. La chenille du machaon par exemple, a besoin de plantes hôte de la famille des Apiacées (carotte, fenouil… sauvages ou cultivés) pour s’épanouir et se transformer en l’un des plus beaux papillons d’Europe.
Ces mêmes ombellifères fournissent aussi le repas aux punaises arlequins qui se massent sur leurs têtes fleuries.
L’intérêt écologique des haies
Les arbustes de haies sont un refuge pour les oiseaux et les petits mammifères. Ils apprécient tout particulièrement les haies composées d’un mélange d’arbustes persistants et caducs. Si la diversité végétale y est suffisamment riche, ils y trouvent de nombreuses baies et des graines presque toute l’année.
La haie fait également le bonheur de nombreux insectes (pucerons, chenilles, papillons adultes…). Toute cette faune attire dans son sillage des oiseaux comme les mésanges pour lesquelles les insectes représentent une source de nourriture abondante.
La haie, avec sa densité de feuillage et son enchevêtrement de branchages, n’est pas qu’un garde-manger pour les oiseaux. Elle offre aussi des abris pour se réfugier, construire leur nid et élever leurs petits hors de portée des prédateurs.
Cette diversité végétale et animale doit être pensée en amont. Si votre jardin est situé en région Ile-de-France, vous pouvez faire appel à un paysagiste pour vous faire aider. Il a l’habitude de concevoir des jardins écologiques.
Des coins de nature sauvage
Aménagement paysager et création d’un jardin vivant sont tout à fait compatibles. Des espaces minéralisés, même bétonnés, peuvent en effet côtoyer des coins plus sauvages, où règne un espace de liberté que fréquentent de nombreux insectes et animaux. Tout est question d’équilibre.
Ne tondez pas par exemple toute votre pelouse. Laissez pousser des zones d’herbes hautes. Les graminées montées en graines fourniront gîte et couvert à de nombreux insectes. Les graines tombées au sol attireront d’autres oiseaux, même l’hiver !
Si vous tenez à ajouter une indéniable plus-value décorative, semez dans un massif un mélange de graines de plantes annuelles et vivaces. En créant une jachère fleurie dans divers coins bien en vue, vous casserez l’effet monochrome du gazon tout en permettant à de nombreux animaux de bien vivre dans votre jardin !
Plus aucun traitement !
Dans un jardin, toute plante a son utilité. Tout insecte aussi ! Des colonies de ravageurs et de parasites traduisent des déséquilibres ou des conditions de culture inadaptées. Nous devons désormais faire le deuil d’un jardin parfaitement entretenu, trop « carré ». Les dérives à l’excès des décennies précédentes nous ont montré l’importance d’accorder une place à chacune des plantes.
Laissez de côté votre désherbeur thermique ou votre désherbant d’origine végétale. Son efficacité est de toute façon quasi nulle. Au lieu de ça, binez ou arrachez uniquement les plantes qui gênent le plus car elles concurrencent celles que vous souhaitez voir pousser. Si elles ne dérangent personne et surtout pas les plantes alentours, pourquoi alors ne pas les laisser ? Beaucoup de ces plantes indigènes fleurissent joliment. Toutes sont utiles.
De la même façon, ne sautez pas sur votre pulvérisateur à la moindre attaque de pucerons. Si votre jardin est vivant, des larves de coccinelles, des chrysopes ou des mésanges réguleront rapidement les populations, réglant le problème naturellement.
Un bassin au jardin est un lieu de vie
L’eau est indispensable aux êtres vivants. L’aménagement d’un bassin dans votre jardin offre une plus-value intéressante pour sa biodiversité.
Suivant sa taille, vous pouvez y installer des plantes aquatiques décoratives plus ou moins volumineuses, comme des nénuphars, des iris des marais, des Papyrus… Ce nouvel habitat sera rapidement colonisé pas des batraciens : petites reinettes, crapauds… et fréquenté par des reptiles. Des poissons pourront aussi s’y installer si la profondeur est suffisante pour que l’eau ne gèle pas l’hiver.
Profitez des découvertes que vous allez faire
Un jardin vivant est une formidable source de découvertes et d’apprentissage pour les enfants comme pour les adultes.
Avec eux, vous aurez probablement la chance d’écouter de nouveaux chants mélodieux, de suivre l’évolution d’une portée de fauvettes à tête noire, de découvrir les mœurs d’un hérisson, d’une mante religieuse et peut-être de croiser aussi la route d’un très bel insecte malheureusement en voie de disparition : la rosalie des Alpes.