Découverte à la fin du XIXème siècle, la bouillie bordelaise sert à lutter contre les maladies cryptogamiques touchant les plantes potagères. Si ce fongicide, classiquement préparé à base de sulfate de cuivre, peut encore de targuer de figurer parmi les produits organiques et de rester homologué pour un usage en agriculture biologique, il n’en demeure pas moins que la bouillie bordelaise reste un produit chimique, à utiliser donc avec modération, en particulier parce qu’elle entraîne une concentration de cuivre dans le sol.
Si l’on peut s’en passer, c’est par conséquent mieux ! Décoction de prêle, bicarbonate de soude et lait, découvrez 3 alternatives bio à la bouillie bordelaise.
Toxicité du cuivre
Les propriétés fongicides du cuivre sont connues depuis longtemps. Les Anciens avaient ainsi pris l’habitude de transpercer d’un fil de cuivre le bas des tiges des tomates. Mythe ou réalité, toujours est-il que selon eux, la sève montante se chargeait de cuivre et le distribuait de manière systémique à l’ensemble des organes de la plante, ce qui lui offrait des facultés de résistance au tristement célèbre mildiou de la tomate.
L’action de la bouillie bordelaise est comparable, à la différence près que le produit est pulvérisé à la surface du feuillage et ne touche ainsi pas le système de circulation de sève. Néanmoins, le cuivre est un métal lourd. Il n’est pas seulement toxique pour les champignons qui se développent sur les feuilles. Lessivé par des pluies à répétition, il tend à s’accumuler dans les sols où son action fongicide se poursuit (Dans certains vignobles traités chaque année à la bouillie bordelaise, des études avaient montré que chaque kilo de terre comportait 200 mg de ce métal lourd !). Le cuivre est ainsi également toxique pour la microfaune, les bactéries, et les champignons qui font la vie du sol et, par voie de conséquence, en affecte sa fertilité.
Comment préparer une décoction de prêle ?
Peu importe que l’on utilise la prêle des champs (Equisetum arvense) ou des marais (Equisetum palustre), la décoction de prêle permet de lutter contre les maladies cryptogamiques des arbres fruitiers et des légumes : cloque du pêcher, mildiou, monilia, oïdium, rouille… Riche en silice, cette décoction naturelle s’utilise de mars à octobre en pulvérisations régulières sur le feuillage et permet de prévenir l’installation des champignons responsables des maladies.
Récoltez et hachez 1kg de tiges de prêle. Mettez-les à tremper 24 heures dans 10 litres d’eau de pluie, à température ambiante. Au bout de ce temps, portez à ébullition dans une marmite et laissez bouillir 30 minutes. Filtrez après avoir laissé refroidir. Appliquée en pulvérisation, cette décoction doit être diluée à 20% (200 ml de prêle pour 800 ml d’eau de pluie)
Le bicarbonate de soude : un excellent antifongique
C’est un produit ancien, classiquement associé aux recettes de grand-mère et doté d’une part subjective de mystère, voire de magie. Le bicarbonate de sodium (ou de soude) sert à tout, ou presque ! Il est largement employé dans le domaine du bricolage pour venir à bout des taches difficiles, ou encore pour raviver les couleurs d’un vieux tapis… Au jardin, la pulvérisation s’une solution de bicarbonate de soude en prévention sur les feuilles permet de remonter sensiblement le pH, gênant la germination des spores de champignons tels que l’oïdium.
Respectez un dosage identique à la bouillie bordelaise. Renouvelez le traitement toutes les 2 à 3 semaines environ, plus tôt si le produit est lessivé par de fortes pluies orageuses. Comme pour tous les traitements, effectuez la dernière pulvérisation au moins 2 semaines avant le début des récoltes.
Comment utiliser le lait au jardin ?
Voilà probablement l’alternative bio à la bouillie bordelaise la plus inoffensive pour l’Homme. Avec un bémol tout de même ! Si le lait est efficace pour lutter contre l’oïdium, le champignon qui recouvre d’un voile blanc les feuilles des concombres, des courgettes et des courges, il reste sans efficacité contre les autres champignons que sont la tavelure ou encore le mildiou.
Peu importe qu’il soit écrémé, demi-écrémé, entier ou même qu’on lui préfère le petit-lait, moins cher, ce sont les protéines que contient le lait qui agissent. Sous l’effet de la lumière, ces dernières se transforment en agents oxydants et détruisent le mycélium des champignons.
Diluez un volume de lait (100ml) dans 9 volumes d’eau de pluie (900 ml). Agitez et pulvérisez de préférence tôt le matin pour une plus grande efficacité. Renouvelez au bout de quelques jours et régulièrement, en prévention, à l’image de la bouillie bordelaise.
Bonjour!
en tant que chimiste, je tiens à donner ces précisions:
– le bicarbonate de soude a pour formule NaHCO3.
– ce que l’on appelle communément le « sel » est le chlorure de sodium de formule NaCl.
les propriétés de ces deux corps sont totalement différentes. la présence de sodium dans les deux ne permet donc pas d’être d’accord avec Bruno Nunez… amitiés à tous!
Trés inte
Salut Bruno !!
Il y a quelques temps j’ai expliqué sur mon site pourquoi je n’utilisais plus la bouillie bordelaise. Voici l’article spotjardinmonsite.com/2019/03/02/pourquoi-je-nutilise-plus-la-bouillie-bordelaise/ J’ai lu dans ton article que tu parlais du bicarbonate de sodium. En ce qui me concerne je ne l’utilise pas car il contient du sel qui est néfaste pour les sols. Je préfère le bicarbonate de potassium qui contient de la potasse. Bonne fin de dimanche !!
Bonjour Jean-Claude,
Très bon article, bravo ! C’est vrai que le bicarbonate de sodium contient du sodium, donc du sel ! Mais à faible dosage, je en crois pas qu’il représente un réel danger pour le sol. Tout est dans la dose, la fréquence aussi et histoire de bon sens, par ex sur les rosiers:
– 1: le plus important est de bien nourrir la plante et de respecter ses besoins (sols, exposition, eau) pour qu’elle soit la plus forte possible et puisse se défendre seule ! Une plante en bonne santé est une plante bien nourrie.
– 2: Ensuite seulement, et uniquement si besoin, pulvériser du purin de prêle, du bicarbonate de sodium ou de potassium pour prévenir l’apparition de champignons dévastateurs…Avec raison, c’est-à dire pas plus de deux fois dans l’année.
Salut Bruno !!
Je viens de voir que tu m’avais répondu. Il serait temps depuis le temps.. Hi.. Hi.. Pourquoi je n’ai pas reçu de notification par mail ? Autrement je serais venu avant. En tout cas merci pour ta réponse. Au fait j’ai découvert cette année un truc pour éloigner nos amies les limaces. J’attend un peu pour avoir si ça se confirme. Et à ce moment là je ferais un article. Bonne soirée !!
Merci pour ce sujet