Pas de véritables grillades estivales, marinades de viandes ou de poissons, légumes et plats en sauce sans une pointe de romarin. Cette plante aromatique condimentaire, au feuillage persistant, est à la fois belle au jardin et utile en cuisine. Comment cultiver et entretenir le romarin ?
Le romarin : un buisson mellifère
Arbrisseau aromatique de la famille des lamiacées, le romarin (Rosmarinus officinalis) est originaire du bassin méditerranéen. Il y pousse spontanément, arpentant les garrigues arides et rocailleuses de la région. Il présente des branches lignifiées au port érigé. A l’état sauvage, l’arbuste atteint 50 cm à 1m 50 de hauteur.
Ses feuilles sont fines, étroites et rigides (2 cm environ de longueur). Elles se parent d’un vert franc sur le haut, plus clair sur le dessous, presque gris. Les fleurs du romarin, groupées par 5 ou 6, apparaissent sur de courtes ramifications latérales issues du vieux bois. Bilabiées, ces fleurs sont classiquement de couleur bleue pâle à mauve, parfois blanches ou roses pour les variétés plus originales.
Cette généreuse floraison est intéressante à plus d’un titre: elle est tout d’abord mellifère. Les fleurs apparaissent également relativement tôt en saison, dès le début du mois de mars quand le climat est doux, à une période où s’opère le réveil des insectes butineurs alors que la nourriture n’est pas encore abondante.
Cette floraison est enfin durable, étalée sur plus d’un mois, voire un mois et demi. Le romarin reste ainsi attrayant et utile longtemps.
Un sol drainant surtout !
La plante apprécie particulièrement les sols légers, drainés et même calcaires. Elle affectionne aussi un emplacement ensoleillé, non venteux. Si le romarin peut supporter le froid et la sécheresse, il redoute bien plus l’humidité du sol qui asphyxie ses racines, surtout l’hiver. Un bon substrat drainant est donc essentiel.
Taille du romarin
Selon vos envies, vous pouvez tailler le romarin à volonté ou le laisser pousser librement.
Taille d’un romarin cultivé en pleine terre : cet arbuste aromatique ne nécessite ici quasiment pas d’entretien. On se contente de le rabattre (tailler) de moitié après la floraison pour conserver un port assez compact et éviter que le bas de l’arbuste se dégarnisse. Les romarins taillés sont cependant en général moins florifères l’année suivante.
Taille d’un romarin en pot : une taille plus régulière est nécessaire. Elle vise surtout à contenir l’arbuste.
Maladies, ravageurs du romarin
Si le sol et l’emplacement lui conviennent, peu de maladies ne semble pouvoir freiner le bon développement du romarin. On ne peut malheureusement pas en dire autant des ravageurs !
La chrysomèle
Dans sa superbe livrée aux reflets métalliques et avec son allure de coccinelle, on donnerait le bon dieu sans confession à la Chrysomèle d’Amérique (Chrysolina americana). Sauf que ce petit coléoptère (qui n’a d’américain que le nom – elle est originaire du Nord de l’Afrique -) n’a pas tout à fait les mêmes mœurs que sa cousine à pois.
Là où la coccinelle contribue à réguler les populations de pucerons et s’avère donc être un merveilleux insecte auxiliaire du jardinier, la Chrysomèle du romarin est à rapprocher du doryphore puisque à l’instar de cette spécialiste des Solanacées (pomme de terre, aubergine), Chrysolina americana est un ravageur qui mange goulûment les feuilles étroites du romarin ou de la lavande papillon. Et rien ne semble freiner sa voracité. Pas même un prédateur en vue du côté de nos jardins ! Certains diront que l’insecte n’occasionne que peu de dégâts sur sa plante-hôte. C’est vrai, sauf quand le coléoptère pullule ! Des rameaux entiers sont alors dévorées et finissent par sécher sur pied. Les ravages sont constatés autant au printemps, qu’en été !
Pour l’éliminer, n’utilisez pas de produit chimique, il suffit de la déloger manu militari ! Retour donc aux bonnes vieilles techniques d’entomologistes chères à Jean-Henri Fabre, à savoir une cueillette ou bien un grand parapluie ouvert au pied de l’arbuste. On secoue, et voilà les chrysomèles tombées de leur plante-hôte. Il ne reste plus qu’à ramasser et éliminer !
Les rameaux du romarin brunissent
Surveillez les champignons parasites qui peuvent brunir les rameaux ; coupez bien en amont de la zone affectée pour éliminer le problème.
Peut-on tuteurer un romarin qui s’affaisse ?
Oui, car avec le temps, les branches du romarin ont tendance à s’affaisser et à s’étaler. On peut donc planter quelques tuteurs discrets pour les redresser et éviter d’avoir à tailler.
Comment multiplier le romarin ?
Si le semis est possible et s’effectue en avril ou en mai, au chaud, sous abris, ce n’est pas la méthode de multiplication la plus pratique, les jeunes sujets devant patienter en godet jusqu’à l’automne avant leur plantation en pleine terre.
Le bouturage du romarin se fait facilement en fin d’été. Prélevez des pousses de l’année d’une dizaine de centimètres de longueur. L’enracinement s’opérant au cours de l’automne, conservez la bouture en situation abritée tout l’hiver avant de la repiquer au jardin au printemps suivant.
Le marcottage est également un autre moyen pratique de multiplication. Il suffit de courber et d’enterrer un rameau souple situé à la base du pied. Un geste à effectuer au printemps, la nouvelle pousse ne devant être séparée du pied mère qu’à l’automne.
Installez les sujets vendus en godet ou en conteneurs au printemps ou en automne.
Où planter un romarin ?
Au potager, le romarin peut constituer une bordure très esthétique pour encadrer des plantes plus hautes. C’est également une plante intéressante à associer aux tomates par exemple ou encore aux carottes car sa seule présence suffit à éloigner la mouche qui cause des dégâts sur ce légume-racine.
Côté jardin d’ornement, il accompagne à ravir les rosiers et bien sûr d’autres aromatiques, en particulier les coussins gris de la lavande, de la plante à curry. (Helichrysum italicum), ou les buissons denses des cistes, fleuris sans discontinuer d’avril à juin.
Plantez-le en bordure d’escalier, dans un massif de fleurs qui se plaisent au soleil ou même tout seul, en pot.
Récolte, bienfaits et utilisation médicinale
Dès l’Antiquité, les Grecs et les Romains utilisent cette aromatique comme plante médicinale mais aussi comme encens. A l’époque, on le tresse en guise de couronne pour stimuler la mémoire.
Plus tard, au Moyen Âge, on croyait qu’il protégeait de la peste et des mauvais esprits.
Les feuilles du romarin peuvent se récolter toute l’année. Toutefois, les essences aromatiques sont plus présentes au court de l’été. Leurs vertus médicinales sont nombreuses : l’huile essentielle de romarin est ainsi anti-inflammatoire, antiseptique et astringent. C’est aussi un très bon antioxydant et diurétique, conseillé en prévention des calculs rénaux.
En cuisine, son goût légèrement amer et son arôme fort servent à parfumer les huiles d’olive et les vinaigres. Il entre ainsi dans la composition du fameux vinaigre des quatre voleurs, un élixir mis au point par 4 brigands, selon la légende, durant les épidémies de peste qui touchèrent le pays au XVIème siècle. Le miel de romarin, d’une saveur unique, est également très apprécié.
Variétés remarquables de romarin
Outre le romarin officinal (Rosmarinus officinalis), il existe différentes variétés de romarin, avec des ports dressés ou rampants, des feuilles vert foncé ou vert clair, et des fleurs bleues ou blanches. Voici les plus connues :
- Albiflorus , à fleurs blanches,
- Baie d’Audierne, au port très fouillis et branches dressées se couvrant de fleurs bleu violacé
- Capri, au feuillage tombant et tapissant.
- Majorca pink, et ses fleurs roses
- Jessopp’s upright, aux fleurs bleu pâle.
- Pointe du raz et prostratus, toutes deux des variétés au port rampant se couvant de fleurs mauves, striées de bleu pour la première.