Au Japon, le moindre mètre carré de jardin est compté. Ses habitants attachent pourtant une grande importance à leur présence; c’est pour eux un espace de détente empreint d’une forte dimension religieuse et poétique. Sources de méditation ou de retraite, ces jardins permettent de s’extraire momentanément du tumulte de la vie quotidienne. Ils sont d’ailleurs souvent conçus comme de grands tableaux qui se laissent contempler depuis l’intérieur de la maison par de larges ouvertures.
Les paysagistes Japonais puisent leur inspiration dans la Nature :
- Ils reproduisent des paysages naturels grandioses qu’ils miniaturisent parfois à l’extrême (lacs, cascades, rivières, montagnes, forêts…).
- Ils disposent des éléments avec soin pour obtenir un résultat harmonieux et équilibré.
- Les jardins et parterres japonisants visent toujours la simplicité, il faut éviter de surcharger l’espace pour donner de l’importance à chaque élément.
Voici 8 grands principes à respecter si vous voulez créer un jardin japonais.
Les arbres et arbustes persistants du jardin japonais
Les arbustes persistants offrent une belle masse de verdure toute l’année et sont beaux en toute saison. Ils servent de toile de fond à la scène ou sont utilisés de manière isolée pour focaliser l‘attention et ainsi constituer la pièce maîtresse autour de laquelle est organisé un coin du jardin.
Les conifères: Il faut disposer de beaucoup de place pour installer un vénérable Sequoia sempervirens. Les dimensions souvent imposantes des conifères ne permettent donc pas de les planter dans tous les jardins. Ils sont pourtant très appréciés des Japonais qui voient en eux des symboles de longévité. Dans les plus petits espaces, leur présence et leur culture est néanmoins tout à fait possible grâce à des formes miniaturisées (bonsaïs) qui exigent aussi des soins et un entretien très réguliers : le pin noir (Pinus mugo) ou d’autres essences se prêtent bien à la nanification.
Le minéral, élément essentiel du jardin japonisant
Pierres, rochers, plaques de schistes, galets de rivière, gravier ou sable ratissé, les jardins japonais réservent une large place au minéral pour créer des sentiers, des bordures, ou simplement comme points focaux esthétiques.
La disposition et le nombre de ces éléments sur la scène ne doivent rien au hasard et s’avèrent, au contraire, très codifiés. Ainsi, le sable et le gravier occupent une grande place dans les jardins japonisants : ils sont souvent soigneusement ratissés afin de dessiner des motifs ondulants ou concentriques, symbolisant l’eau en mouvement.
L’eau : un autre symbole du jardin japonais
L’eau est incontournable. Son murmure apaise l’esprit ; elle suggère les torrents et les rivières qui descendent des montagnes nipponnes. Si vous avez de la place, un bassin avec des poissons et une cascade ajoutent un aspect tranquille et naturel.
Lorsque l’installation d’un petit bassin n’est pas possible en raison d’un manque de place, une fontaine en pierre peut suffire. L’eau peut aussi être réduite à ses symboles : par exemple, des galets et des rochers soigneusement agencés figurent le lit d’une rivière asséchée que traverse un petit pont japonais.
Des objets décoratifs qui rappellent le Japon
La décoration du jardin japonais met en avant des objets fonctionnels :
- La lanterne traditionnelle est le plus connu. Souvent en pierre taillée, elle prend parfois des dimensions importantes. Elle apporte un élément de lumière et de décoration.
- Des chemins en pierre naturelle ( les fameux pas japonais), ou en bois, guident les visiteurs à travers le jardin et permettent de l’admirer sous des angles différents.
- Les troncs d’arbre, et les fougères rappellent les forêts primitives qui peuplaient l’archipel. La mousse apporte un élément de vert et sert à couvrir le sol ou les rochers, ajoutant de la texture et de la couleur.
- Un petit pavillon ou un kiosque peuvent offrir un lieu de méditation et de contemplation du jardin.
Les tailles des arbustes sont maîtrisées dans un jardin japonais
L’art topiaire, qui consiste en une taille stricte de certains végétaux, n’est pas propre au jardin japonais. On le retrouve aussi avec le buis dans le jardin à la française. La maîtrise des tailles s’accorde néanmoins très bien avec la rigueur des jardins japonais. On trouve ainsi souvent un arbre ou un arbuste persistant soigneusement taillé en nuage, comme cet épicéa, figurant une sculpture végétale.
Le jardin japonisant est clos
Le jardin japonais est toujours soigneusement délimité. S’il n’est pas encadré de murs, une palissade ou une clôture en bambou ou en bois en marquent les frontières.
Des bois bruts, naturellement imputrescibles, ou des bambous droits et graphiques, sont souvent utilisés.
Les limites peuvent également être marquées par une haie d’arbustes persistants (le cryptomeria du Japon s’y prête bien) ou plus simplement par des canisses. Au pied, quelques arbustes à l’arrière et un tapis d’Ophiopogon noir à l’avant.
Les plantes du jardin Japonais
Pour créer un jardin japonais, choisissez des plantes typiques comme la plupart des arbustes de bruyère qui aiment un sol acide :
- parmi les vivaces et plantes basses : les Hostas, les fougères, Pachysandra, saxifrages, ligulaires, l’Ophiopogon au feuillage presque noir ;
- pour un bassin : iris japonais, nénuphar, lotus ;
- des arbustes : azalée, rhododendron, Camélia, Nandina, Hortensia macrophylla, Hydrangea, bambous, les érables japonais et érables palmés ( Acer japonicum et Acer palmatum) ;
- pour un grand jardin japonais, des arbres : les conifères, dont le majestueux Sequoia sempervirens, des cerisiers à fleurs (Sakura), le cerisier du Tibet à l’écorce brun acajou remarquable en hiver.
Toutes ces plantes offrent un spectacle différent au fil des saisons, avec une apothéose se situant plutôt au printemps lorsque les azalées, rhododendrons et cerisiers sont en fleurs.
Bonjour Bruno, j’ai l’intention de me faire une fosse pour pouvoir y grouper à la fois mes rhodo, pieris, skimmia et bien sur le roi érable… Mon sol étant limoneux à tendance calcaire, je prévois de remplacer la terre par un mélange de terreau horticole, de compost et de tourbe blonde et éventuellement y ajouter de la terre de bruyère mélangée à ces différents substrats au moment de la plantation.
Ce substrat est il donc en adéquation avec ces plantes?
quelle profondeur pour cette fosse serait-il préférable?
Bonjour Guy,
Je ne conseille pas vraiment l’utilisation de tourbe. C’est un matériau fossile, dont les ressources mondiales s’amenuisent au fil du temps, créant parfois des désastres écologiques là où elles sont prélevées. L’idéal serait de remplacer la tourbe par de la terre végétale. Il est à mon avis également possible d’utiliser un mélange de 1/3 de terre d’origine (limoneuse, calcaire) + 2/3 de terre végétale et pailler avec de l’écorce ou des aiguilles de pin pour entretenir l’acidité du sol.
Pour la profondeur, il faut à mon avis prévoir comme si les arbustes étaient cultivés en pot, soit 50 X 50 cm (largeur/profondeur) pour les rhodos, l’érable, le pieris, un peu moins pour les azalées et le skimmia. Les croissances sont de toute façon lentes dans le cas des arbustes de bruyère.
Bonne journée,