Ne taillez pas votre prunier pour des prunes !

Le prunier, à l’image d’autres arbres fruitiers à noyau, ne raffole pas des coupes, mais les tolère quand elles sont réalisées avec parcimonie, aux bonnes périodes ! Quand et comment effectuer la taille du prunier ?

La taille d’entretien d’un prunier est assez minimaliste. Afin d’optimiser au maximum sa production, elle se résume à un léger élagage tous les ans, ou tous les deux ans, ainsi qu’un égourmandage printanier. C’est tout !

Quand tailler le prunier ?

Comme le cerisier (un autre Prunus), la taille et l’élagage de toutes les variétés de prunes s’effectuent après la récolte, au cours d’une période de la fin de l’été (septembre) jusqu’au milieu de l’automne (fin octobre) s’accompagnant d’une descente de sève et donc d’une chute importante de feuilles.

Les coupes réalisées cicatrisent en effet bien mieux car les températures chaudes associées à des pluies encore rares à ce moment de l’année limitent l’apparition de maladies fongiques au niveau des plaies de taille.

Comment effectuer une taille de formation sur un jeune prunier ?

La taille de formation d’un jeune prunier se fait en fin d’hiver. Elle permet de guider sa croissance pour obtenir une structure équilibrée et favoriser une bonne fructification. 

La première année, choisissez les charpentières : Après la plantation, taillez le prunier à environ 60-80 cm du sol pour favoriser le développement de branches latérales. Sélectionnez 3 à 4 branches bien réparties autour du tronc pour former les futures charpentières. Ces branches doivent être orientées dans des directions différentes pour équilibrer la structure de l’arbre. Coupez les autres branches à ras du tronc.

La deuxième année : raccourcissez les charpentières sélectionnées à environ 30 à 40 cm de leur base, ce qui stimule la ramification et renforce la structure. Supprimez les nouvelles pousses qui concurrencent les branches charpentières ou qui poussent à l’intérieur de l’arbre.

La troisième année : formez la couronne. Raccourcissez les nouvelles branches secondaires (rameaux poussant sur les charpentières) à environ 20 cm de leur base, pour favoriser la formation de sous-rameaux. Veillez à éliminer les pousses verticales qui poussent vers l’intérieur ou à partir du tronc principal.

Comment tailler un prunier adulte ?

Afin de bien fructifier, les pruniers ne doivent pas présenter un feuillage trop dense : l’air et la lumière doivent pénétrer à l’intérieur de la ramure.

• Commencez par retirer les branches (âgées ou non) les plus gênantes, en particulier celles allant vers le centre de l’arbre.
• Supprimez aussi à la base toutes les branches mortes ou montrant des signes de faiblesse, de maladies ou parasites.
• Raccourcissez enfin les branches de l’année si elles se sont trop allongées. L’objectif est de garder un arbre bien équilibré.

Le prunier détestant les coupes, l’intervention doit toujours se limiter aux branches de faible section (2 cm de diamètre maximum) pour ne pas porter atteinte à la santé de l’arbre.

Réalisez une coupe propre (au sécateur ou à la scie arboricole). Pensez en particulier à désinfecter les outils dans l’alcool à brûler entre chaque fruitier pour éviter de propager malencontreusement les maladies comme la moniliose.

Terminez en raccourcissant les allongements de l’année d’un tiers de leur longueur, en prenant soin de tailler de biais au-dessus d’un bourgeon orienté vers l’extérieur de l’arbre.

Une légère taille des pruniers au printemps, pour une meilleure fructification

Une légère taille d’entretien peut être effectuée en complément sur le prunier dès le printemps.

Supprimez les gourmands

L’égourmandage consiste à retirer les « gourmands ». Il s’agit là de branches se développant au cœur de la ramure. On les reconnaît aisément au fait qu’elles poussent à la verticale en recherche de lumière, s’étirant parfois sur plus d’un mètre de hauteur du printemps à l’automne.

Les gourmands ne donnent pas de fruits. En revanche, leur développement mobilise une grosse quantité de sève qui dessert la mise à fruits et épuise inutilement le prunier.

Supprimez les brindilles

De nombreuses brindilles prennent aussi naissance au cœur de la ramure, sur les charpentières.

Pour les mêmes raisons évoquées (maintien d’un puits de lumière, circulation d’air) il est nécessaire de supprimer à ras celles qui se dirigent vers l’intérieur de la ramure.

Éclaircissez le nombre de prunes

Certaines années, les fruits sont trop nombreux ! Il est alors parfois nécessaire d’intervenir pour diminuer le nombre de prunes. Cela reculera légèrement la date de la récolte mais limitera le phénomène d’alternance couramment observé (une année « à vide » succédant souvent à une année de forte récolte)

L’éclaircissage évitera aussi et surtout que les branches du prunier cassent sous le poids accumulé.

Quels outils utiliser pour tailler correctement un prunier ?

Plusieurs outils permettent d’obtenir des coupes nettes et de minimiser les risques de blessure.

Le sécateur est utilisé pour les petites branches et les rameaux de moins de 2 cm de diamètre. Utilisez un sécateur à lames franches (bypass) pour une coupe nette et précise, ce qui favorise une meilleure cicatrisation.

L’ébrancheur (ou coupe-branches) : convient mieux pour les branches de 2 à 4 cm de diamètre. Grâce à ses longs manches, il permet de couper avec plus de force et d’atteindre des branches plus éloignées.

Une scie d’élagage peut être utile pour les branches de plus de 4 cm de diamètre. La scie à dents japonaises, avec ses dents fines et tranchantes, est particulièrement adaptée pour les coupes nettes sur les branches épaisses. 

Comment éviter les maladies lors de la taille d’un prunier ?

• Désinfectez vos outils avant de commencer la taille, ainsi qu’entre chaque arbre, surtout si l’un d’eux est malade. Utilisez de l’alcool à 70 % ou de l’eau de javel diluée pour désinfecter les lames.
• Effectuez la taille par temps sec et ensoleillé car cela réduit les risques de développement de maladies, les spores fongiques se propageant plus facilement par temps humide.
• Utilisez des outils bien affûtés pour réaliser des coupes nettes, sans déchirures, car les plaies irrégulières sont plus vulnérables aux infections.
• Pour les grosses coupes (diamètre supérieur à 2 cm), utilisez un mastic cicatrisant pour recouvrir les plaies. Cela limite l’entrée de pathogènes.

Arquer pour moins couper ?

Si vous n’êtes pas adepte du sécateur, la technique de l’arcure est une alternative intéressante. Cela consiste à rattacher les branches de plus d’un mètre de longueur à des branches situées plus bas ou à les lester de poids afin de les courber.

Cette technique d’entretien proche de celles des bonzaïs permet de ralentir la circulation de sève, ce qui a pour effet de limiter inutilement la croissance en longueur, mais aussi d’augmenter la mise en fruit (le pourcentage de fleurs donnant des fruits).

Une autre fonction plutôt pratique de l’arcure est de contenir la hauteur de votre arbre, facilitant de ce fait la récolte !