Feuilles mangées en dentelle : lutter contre l’otiorhynque

Au jardin, certains de vos arbustes ou de vos plantes ornementales présentent des feuilles mangées et trouées, semblables à de la dentelle. Pourtant, aucun parasite n’est visible… Inutile d’accuser chenilles et altises ! Le responsable de ces dégâts est l’otiorhynque, un insecte particulièrement discret et vorace.

Quel insecte mange les feuilles en dentelle ?

Fiche d’identité de l’otiorhynque

L’un des plus répandus est l’otiorhynque de la vigne (Otiorhynchus sulcatus). S’il s’attaque de préférence aux feuilles et aux bourgeons de la vigne et aux cultures de petits fruits, il peut aussi s’en prendre à de nombreuses plantes ornementales, annuelles ou vivaces. Otiorhynchus cribricollis est un ravageur de l’olivier, et la préférence d’Otiorhynchus ligustici va au houblon et aux légumineuses.

Il existe de très nombreuses espèces d’otiorhynques – plus de 900 ont été recensées en Europe, mais leur cycle de vie et leur apparence sont sensiblement identiques.

Cycle de vie de l’otiorhynque

Les adultes apparaissent au printemps, entre avril et juin. Une fois sortis de terre, ils grignotent les feuilles de la périphérie vers le centre,  provoquant les fameuses feuilles découpées en dentelle. Discrets, les otiorhynques s’activent la nuit et se cachent à la base des plantes durant la journée. Lorsqu’ils se sentent menacés, ils se laissent choir des feuilles.

Les femelles pondent ensuite jusqu’à plusieurs centaines d’œufs dans le sol. Environ trois semaines plus tard, ces œufs éclosent et donnent naissance à des larves, qui passeront l’hiver en terre, parfois plus selon l’espèce. Pour se nourrir, elles causent d’importants dégâts aux racines des plantes, et parviennent parfois jusqu’à leur collet. Au printemps suivant, les larves devenues adultes sortent de terre à leur tour.

Quelles sont les plantes les plus touchées ?

Grand polyphage, l’otiorhynque s’attaque aux racines et au feuillage de nombreuses espèces végétales, mais les plus fréquemment touchées sont celles-ci :

• Plantes ornementales : azalée, lilas, hortensia, rhododendron, camélia, armoise, troène, laurier, cyclamen, heuchère…
• Plantes potagères et légumineuses : Artichaut, asperge, betterave, haricot, petit pois, luzerne, trèfle…
• Plantes et arbres fruitiers : Fraisier, framboisier, vigne, olivier…

Ce ravageur marque une préférence pour les plantes pérennes, mais il est aussi possible de le voir grignoter le feuillage des annuelles. Il peut même s’attaquer aux plantes en pot !

Comment se débarrasser des otiorhynques naturellement ?

Lutte biologique

Une fois en place, il est difficile de déloger l’otiorhynque. Le moyen le plus efficace pour s’en débarrasser est la pulvérisation sur le sol de nématodes (Heterorhabditis bacteriophora), parasitant et tuant les larves en 24 à 48 heures. Le traitement contre l’otiorhynque s’effectue au printemps et à l’automne, dilué dans l’eau, de préférence le soir, sur sol humide.

D’autres solutions naturelles

En cas de faible infestation, il est possible de ramasser manuellement les adultes en agissant la nuit, et les larves en creusant autour de la plante. De la glu arboricole ou des bandelettes engluées peuvent être installées à la base du tronc et des charpentières pour piéger les insectes.

En général, les feuilles mangées par cet insecte ont surtout un impact esthétique, et il n’est pas nécessaire de traiter les feuilles trouées.

Mesures préventives

Pour réduire le risque d’apparition de l’otiorhynque au jardin, quelques mesures préventives peuvent vous être utiles :

• Vérifier que les plants achetés en pépinière ne comportent aucune trace de morsures foliaires
• Disposer un paillage réalisé à partir de sciure de bois ou de cosse de sarrasins
• Travailler et ameublir le sol, biner régulièrement près du collet pour déloger les larves
• Favoriser la présence de prédateurs : musaraignes, hérissons, oiseaux
• Ne pas réutiliser du terreau potentiellement contaminé pour les jardinières.